Il n’existe aucun vaccin pour mettre fin aux querelles sur les soins de santé

Nous savons tous que l’année 2020 a été difficile pour le secteur des soins de santé au Canada. Plus de 20 000 Canadiens sont décédés de la COVID-19, dont plus de 15 000 résidents d’établissements de soins de longue durée; au moins 500 000 interventions médicales ont été reportées et les travailleurs de première ligne ont été poussés au bord de l’épuisement. Et ce ne sont que quelques-uns des défis. Les 12 derniers mois ont mis à l’épreuve notre détermination, notre patience et notre résilience. Cette annus horribilus a également mis à rude épreuve nos dirigeants politiques dont les décisions ont trop souvent été jugées insuffisantes.

Alors maintenant que la nouvelle année est bien entamée, que peuvent-ils améliorer?

D’abord, nous devons nous assurer que nous avons les processus et les ressources en place pour vacciner chaque Canadien le plus tôt possible, et ce, à la grandeur du pays. On a beaucoup parlé du retard dans la livraison des doses par les fabricants de vaccins, mais nous sommes toujours en mesure de respecter un calendrier que les Canadiens jugent acceptable pour la campagne de vaccination, comme le démontrent les résultats d’un sondage sur cette question mené par Abacus Data auprès du public en décembre. Toutefois, lorsque les problèmes de distribution des fabricants seront résolus, nous devons nous assurer de pouvoir vacciner la population le plus tôt possible, d’une manière juste et équitable, en commençant par les personnes les plus vulnérables.

La disponibilité des vaccins est le dernier point de discorde dans les querelles juridictionnelles qui opposent depuis des décennies le gouvernement fédéral et les gouvernements provinciaux et qui ont miné la confiance des Canadiens envers leur « système » de soins de santé. Toutefois, la rhétorique doit céder la place à l’action pour soutenir les soins de santé et la santé publique au Canada. Le gouvernement fédéral doit intensifier et diriger un réel effort de collaboration avec les provinces et les territoires pour bâtir un système de soins de santé dont les objectifs d’amélioration de la qualité sont mesurables et convenus par tous. Le dictat ne fonctionne pas lorsqu’il est question d’améliorer les soins de santé. Au contraire, l’investissement, la collaboration et l’établissement d’objectifs favorisent cette amélioration.

Pourtant, alors que le gouvernement fédéral doit mener la charge de la collaboration, les gouvernements provinciaux et territoriaux doivent cesser de croire que la santé des Canadiens relève de leur domaine exclusif. À la fin de 2020, un sondage de SoinsSantéCAN a révélé que près des trois quarts (74 %) des répondants de toutes tendances politiques étaient d’accord pour que le gouvernement fédéral assume un rôle de leadership en matière de soins de santé et jugeaient que la qualité et la capacité du système de santé étaient des priorités absolues.

 

 

 

 

 

De plus, pour 71 % d’entre eux, la pandémie a montré que notre système de santé ne dispose pas des ressources appropriées, qu’il n’est pas le même dans toutes les parties du pays et qu’il a besoin d’améliorations majeures, dès maintenant. Les Canadiens veulent :

  • Un financement fédéral accru pour les hôpitaux. 80 % des Canadiens interrogés étaient d’accord pour que le gouvernement fédéral investisse directement dans les hôpitaux pour atteindre les objectifs nationaux en matière de soins de santé.
  • Normes et directives nationales. 77 % des Canadiens interrogés souhaitent des normes et des directives nationales pour la gestion des réseaux de soins de santé.
  • Un crédit d’impôt pour les travailleurs de la santé de première ligne. 80 % des Canadiens interrogés se sont déclarés favorables à un crédit d’impôt fédéral de 3 000 $ pour les travailleurs de la santé dont le revenu annuel est inférieur à 100 000 $.

Ce sont des mesures concrètes sur lesquelles le gouvernement fédéral pourrait et devrait concentrer son pouvoir de dépenser pour soutenir le système de soins de santé et améliorer la santé de tous les Canadiens. Le gouvernement fédéral a déjà investi des milliards pour faire face aux répercussions économiques de la pandémie de COVID-19, mais nos travailleurs de la santé et des soins de longue durée, ainsi que nos personnes âgées, vulnérables et racialisées continuent de souffrir.

La COVID-19 n’est pas la première pandémie que nous traversons et elle n’est certainement pas la dernière. Nos gouvernements fédéral et provinciaux doivent mettre de côté leur faux orgueil juridictionnel et commencer à considérer la pandémie comme une occasion sérieuse de corriger les erreurs du passé. Nous avons le devoir de tirer les terribles leçons que plus de 20 000 Canadiens ont payées de leur vie. Nos dirigeants politiques leur doivent de faire mieux et il n’y a pas de temps à perdre.

Paul-Émile Cloutier, président et chef de la direction
SoinsSantéCAN