Les grands experts internationaux réunis à Montréal à l’ouverture du 11e Congrès mondial de l’AVC

Le 17 octobre 2018 (Montréal) — FAITS SAILLANTS À L’ORDRE DU JOUR AUJOURD’HUI

ENJEU BRÛLANT : L’accès aux soins de réadaptation après un AVC au Canada

Une étude canadienne, menée par la Dre Anita Mountain, de l’Université Dalhousie, à Halifax, et Mme Patrice Lindsay, de Cœur + AVC, a révélé que même si l’accès généralisé aux services de réadaptation après un AVC et leur efficacité au Canada se sont améliorés entre 2008 et 2017, on a constaté des différences provinciales et régionales importantes.

L’accès à la réadaptation post-AVC et son efficacité sont un sujet important étant donné qu’il y a environ 62 000 AVC au Canada chaque année et que plus de 400 000 personnes vivent avec une incapacité persistante attribuable à un AVC – un nombre qui devrait doubler au cours des 20 prochaines années.

L’étude a porté sur les données de 188 établissements de réadaptation de l’AVC pour patients hospitalisés au Canada, dont 99 présentent des statistiques à l’Institut canadien d’information sur la santé. Entre 2008 et 2015, le nombre d’admissions en réadaptation après un AVC est passé de 5 969 à 9 025.

L’étude a également révélé que même si 93 % des Canadiens vivent à moins de une heure d’un établissement de réadaptation de l AVC pour patients hospitalisés, la capacité d’accueil en termes de lits continue d’entraver l’accès rapide. Toutefois, de 2013 à 2017, l’accès à des soins spécialisés en unité de réadaptation de l’AVC, à des équipes interdisciplinaires et à du matériel spécialisé s’est amélioré.

« Les Recommandations canadiennes pour les pratiques optimales de soins de l’AVC aident à orienter la prestation de services efficaces de réadaptation de l’AVC fondés sur des données probantes provenant de l’ensemble du Canada, a déclaré la Dre Mountain. Nous savons ce qu’il faut faire et nous avons constaté des améliorations dans la capacité d’accueil et l’efficacité de la réadaptation post-AVC au cours de la dernière décennie. Toutefois, le degré d’amélioration n’est pas uniforme à l’échelle du Canada. Nous devons veiller à ce que tous les Canadiens aient accès à des services de réadaptation de même qualité et de même intensité, peu importe la province ou la région où ils vivent. »

La réadaptation doit commencer tôt après l’AVC, au moment où le cerveau est le plus prêt à se rétablir. Plus de 80 % des personnes survivent maintenant à un AVC, mais plus de 60 % d’entre elles en gardent une incapacité persistante, un chiffre qui pourrait être amélioré grâce à un accès plus opportun et généralisé aux services appropriés.

ENJEU BRÛLANT : Écarts dans l’accès aux soins de l’AVC selon le sexe

Une autre étude canadienne présentée en ce premier jour du congrès est dirigée par la Pre Noreen Kamal, de l’Université de Calgary. L’étude porte sur l’écart entre les femmes et les hommes dans l’accès à un type clé de soins actifs de l’AVC au Canada, la thrombectomie endovasculaire (TE). En TE, une personne victime d’un AVC ischémique se fait enlever physiquement le caillot le plus tôt possible après l’apparition des symptômes. L’intervention consiste à introduire un tube mince dans une artère du patient et à le guider à l’aide de l’imagerie par rayons X à travers les vaisseaux sanguins jusqu’au cerveau. Une endoprothèse récupérable est utilisée pour enlever le caillot. L’intervention a donné des résultats remarquables dans les études, réduisant le taux global de mortalité de 50 % et diminuant considérablement les effets durables de l’AVC chez de nombreux patients.

L’étude a analysé les données des hôpitaux canadiens sur 5 ans, de 2011 à 2016. Elle a révélé que plus d’hommes ayant subi un AVC ischémique ont été transférés dans un centre complet de traitement de l’AVC, comparativement aux femmes. Il a également été constaté que 17 % des patients transférés avaient reçu de l’alteplase, un médicament qui détruit les caillots, mais que seulement 40,4 % d’entre eux étaient des femmes. De plus, l’étude a révélé que les hommes avaient un délai médian légèrement plus court que les femmes entre leur arrivée et leur transfert, soit 1,37 heure contre 1,50 heure. Les chercheurs sont d’avis que ces résultats doivent faire l’objet de recherches additionnelles afin de dégager les causes de cet écart dans l’efficacité des soins de l’AVC prodigués aux femmes.

La Dre Thalia Field, neurologue spécialisée en AVC et directrice du programme de formation postdoctorale du Programme de l’AVC de Vancouver, présentera demain une autre étude qui analysera les différences entre les sexes dans les soins et les résultats de l’AVC chez 257 582 patients canadiens victimes d’un AVC de 2009 à 2016, dont 49 % étaient des femmes. Cette étude a révélé que les femmes étaient moins susceptibles de recevoir de l’alteplase – un médicament qui détruit les caillots – pour un AVC ischémique (13,7 c. 14,2 % chez les hommes), qu’elles faisaient face à un délai plus long entre leur admission à l’hôpital et leur traitement (médiane annuelle moyenne du délai entre l’arrivée et les soins de 103 minutes contre 89 chez les hommes) et qu’elles étaient plus susceptibles de mourir dans les 7 jours suivant l’AVC (8,5 c. 7,9 %).

 L’AVC au Canada

  • Neuf personnes sur dix ont au moins un facteur de risque associé à l’AVC.
  • On compte environ 62 000 AVC chaque année, soit 1 toutes les 9 minutes.
  • L’AVC se classe au troisième rang des causes principales de mortalité et figure parmi les causes primordiales d’incapacité.
  • Chaque année, plus de 13 000 personnes succombent à la suite d’un AVC.
  • Plus de 400 000 personnes ont une incapacité persistante liée à l’AVC, et elles seront près du double dans les 20 prochaines années.
  • L’AVC est de plus en plus courant chez les gens de moins de 65 ans, et ses facteurs de risque sont de plus en plus fréquents chez les jeunes adultes.