Les discours du Trône sont comme des énoncés de mission – un résumé officiel des objectifs et des valeurs d’une organisation ou d’une entreprise. En l’occurrence, le discours du Trône de 2021 expose les objectifs et les valeurs du gouvernement libéral à l’égard de notre pays. Bien entendu, nous comprenons que les discours du Trône ne peuvent pas aborder les questions en jeu de manière aussi approfondie ou détaillée que les lettres de mandat ou les politiques et les lois.
En même temps, les discours du Trône sont symboliques et ils envoient des messages. Les défenseurs des intérêts cherchent ces messages en parcourant ces discours à la recherche de mots ou de phrases qui évoquent des images suggérant le rôle, la contribution, l’importance de leur secteur ou tout autre élément qui indique qu’il sera un acteur dans la perspective du gouvernement lors de la prochaine session parlementaire.
Tout ce que je peux dire au sujet du discours du Trône de mardi, c’est que la recherche et l’innovation font partie de la catégorie « comment » parvenir au « quoi » présenté dans ce discours. En d’autres termes, elles n’ont pas été mentionnées. Mais ne nous mettons pas dans tous nos états : nous savons que les discours du Trône sont généralement muets sur la manière dont nous devons agir, et de nombreux autres secteurs importants n’ont pas non plus été mentionnés. J’entends la petite voix qui résonne dans nos têtes et qui dit : « Mais la recherche et la science ont sauvé notre pays et d’autres pays dans le monde entier de la COVID-19. Cela ne vaut-il pas au moins une mention dans ce discours? »
La confiance profonde que les Canadiens accordent aux politiciens doit indiquer que le gouvernement comprend qu’il ne peut protéger la santé et la sécurité des Canadiens sans la science qui a été sa boussole durant toute cette pandémie. Et, ce n’est pas tout! Si la situation en Colombie-Britannique ne ressemble pas à un canari provincial dans la mine nationale, alors je ne sais pas ce que c’est. Seule la science permet de reconstruire en mieux physiquement, numériquement et à bien d’autres égards. L’infrastructure du savoir que nous créerons au cours des prochaines décennies sera déterminante pour nous permettre de traverser de nombreuses années de crises liées aux changements climatiques qui auront un impact direct sur la santé humaine.
La lecture que je fais de ce discours du Trône révèle qu’il vise à corriger une grande partie des erreurs que nous avons commises comme pays avant la pandémie. Le fait que ces enjeux soient traités séparément dans le discours indique que le gouvernement va prendre des mesures significatives à leur sujet au cours de cette législature. Les changements climatiques et la réconciliation ne peuvent désormais plus être ignorés et nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour faire face aux premiers et parvenir à la seconde coûte que coûte. Il est plus que temps de combattre la haine et le racisme au moyen d’une nouvelle stratégie de lutte antiracisme. Parallèlement, le discours du Trône tient compte de l’angoisse collective des Canadiens; nous sommes pris de panique en raison de la hausse du coût de la vie. Les libéraux proposent des solutions en matière de garderie et de logement pour relever ce défi.
Je me réjouis d’entendre dans le discours du Trône que le gouvernement croit que pour bâtir une économie résiliente, il faut investir dans les gens. Le soutien à un personnel de recherche diversifié et hautement qualifié, y compris la prochaine génération, les Autochtones et les personnes issues de communautés racialisées ou marginalisées, est un élément que la communauté des chercheurs peut défendre, tout comme l’engagement en faveur de la santé mentale.
Nous pouvons faire valoir que ce discours du Trône est de haut niveau et visionnaire, comme l’est un énoncé de mission, que nous avons tous. Nous pouvons nous dire qu’il contient beaucoup de points auxquels nous pouvons associer la recherche et l’innovation. Et puis, nous pouvons poursuivre nos efforts de promotion de la recherche, de la science et de l’innovation comme si nous savions que celles-ci faisaient partie des idées des auteurs du discours plutôt que de leurs paroles, et nous sommes convaincus que notre démarche sera reconnue et soutenue dans les actions du gouvernement. Si ce n’est pas le cas, nous pouvons affirmer que ce discours a envoyé le mauvais message.