Le gouvernement fédéral doit soutenir la recherche en santé pour assurer une reprise économique post-COVID

La science fondamentale a fourni les éléments de base qui ont permis à la communauté scientifique d’apporter une réponse à la pandémie de COVID-19 et de développer les diagnostics, les thérapies et les vaccins permettant de lutter contre le virus. La science fondamentale peut aussi servir de base pour mieux reconstruire notre pays après la crise de la COVID, mais seulement si le gouvernement fédéral augmente son soutien pour consolider l’écosystème déstabilisé de la recherche et de l’innovation en santé au Canada.

Quelques semaines après les premiers cas signalés de COVID-19 au Canada, nos scientifiques ont isolé le virus responsable de la COVID-19 et commencé à tester un candidat-vaccin. Les chercheurs canadiens ont été les premiers au monde à identifier la réaction du système immunitaire face à la COVID-19 et les molécules permettant de  traiter les effets inflammatoires du virus. Ces progrès se sont appuyés sur de nombreuses années de recherche fondamentale, en particulier celles menées après l’épidémie de SRAS de 2002-2004, lorsque le Canada a intensifier ses efforts de recherche sur le coronavirus du SRAS afin de produire un vaccin.

Les percées scientifiques nécessitent du travail et ce travail nécessite un soutien financier soutenu dans tous les secteurs.

La COVID-19 a clairement démontré l’importance d’une collaboration entre les parties prenantes  de l’écosystème de la recherche et de l’innovation en santé : centres universitaires des sciences de la santé, hôpitaux de recherche, universités, collèges, entreprises de santé et de biosciences, organisations caritatives  du domaine de la santé et gouvernements. Pourtant, le Canada n’a ni élaboré de politiques solides et cohérentes ni démontré une volonté politique d’unir ces secteurs et de soutenir la recherche et l’innovation en santé dans notre pays.

Il est essentiel de disposer d’un environnement commercial stable et concurrentiel dans lequel le secteur de la santé et des biosciences peut innover pour garantir que les crises sanitaires futures soient efficacement maîtrisées et ainsi protéger la santé des Canadiens. Un secteur de la santé et des biosciences solide est vital non seulement pour préserver notre santé mais aussi pour garantir notre croissance et la sécurité de notre économie. Cette préoccupation doit être au centre du prochain budget fédéral et des prochaines élections fédérales.

Maintenir le secteur de la santé et des biosciences en position de force est d’une importance vitale, comme l’a démontré un rapport publié récemment par le Conseil sur la stratégie industrielle qui a permis d’identifier la portée et la gravité des conséquences de la COVID-19 sur les industries, de faire part au gouvernement des pressions qui touchent certains secteurs, et collecter des informations sur les conséquences de la pandémie. Le rapport du Conseil souligne le succès rencontré par le secteur de la santé et des biosciences au cours des dernières années et recommande des investissements au cours des 12 à 18 mois prochains et des politiques plus stratégiques qui permettront au secteur à la fois de définir une trajectoire de croissance inclusive et une stratégie industrielle qui permettra de propulser l’économie au-delà des niveaux pré-COVID.

La pandémie de COVID-19 a mis en évidence  la position précaire dans laquelle se trouvent de nombreux acteurs de l’écosystème de la recherche et de l’innovation en santé. Les centres universitaires des sciences de la santé du Canada, par exemple, représentent près de 3 milliards de dollars de l’activité de recherche en sciences biomédicales menée au pays, emploient plus de 60000 chercheurs et employés hautement qualifiés à travers le pays et abritent des centres de recherche et de soins de santé spécialisés qui jouent un rôle essentiel dans le déploiement d’essais cliniques de nouveaux vaccins et traitements. Lorsque la pandémie a frappé, elle a forcé l’arrêt, à travers le pays, des travaux menés en recherche en santé, y compris les essais cliniques; nombreuses sont les recherches qui, un an plus tard, n’ont pas encore repris, ce qui a mis fin au soutien financier des partenaires du secteur privé.

Les organisations caritatives du secteur de la santé ont également été gravement touchées par la pandémie ; les activités de philanthropie et de collecte de fonds ont presque totalement pris fin alors que les Canadiens faisait face à leurs propres difficultés économiques. Etant l’une des principales sources de financement et l’un des partenaires clés de la recherche en santé, les difficultés rencontrées par les organisations caritatives du secteur de la santé ont aussi impacté les centres universitaires des sciences de la santé qui mènent cette recherche. En tant que prestataires de soins de santé, ces établissements continuent également de relever les mêmes défis en termes de capacité à fournir des soins aux Canadiens, vague après vague de COVID-19. Les centres universitaires des sciences de la santé sont également désavantagés par le fait qu’il n’ont pas un accès direct aux programmes de financement fédéraux. Le budget 2021 doit être l’occasion d’une approche nationale coordonnée du financement et du soutien de la recherche dans ces établissements.

Il est également important de reconnaître que les soins de santé et de la recherche en santé n’et pas seulement une questions limitées aux institutions; elle touche avant tout des personnes. Les chercheurs et les cliniciens, quel que soit leur niveau de carrière, font partie intégrante du personnel de la recherche en santé. Les chercheurs débutants – les étudiants diplômés, les stagiaires et les boursiers postdoctoraux – sont les acteurs qui contribuent au développement du personnel hautement qualifié nécessaire à l’économie canadienne du savoir et au soutien des projets de recherche de haut niveau. La pandémie de COVID-19 a généré beaucoup d’incertitude en ce qui concerne l’avenir de ces chercheurs. De même, les chercheurs qui se trouve en milieu de carrière et qui possèdent une mine de connaissances en recherche, sont également exclus des concours de subventions et des options de financement. L’administration Biden a récemment annoncé qu’elle investissait 250 milliards de dollars dans la recherche. Si le Canada veut rester compétitif à l’échelle mondiale et suivre le rythme des autres pays du G7 en matière de recherche et d’innovation, il doit intensifier ses efforts et soutenir ses chercheurs pour ne pas courir le risque de perdre ces connaissances, compétences et talents considérables.

La COVID-19 a démontré la force de l’écosystème canadien de recherche et d’innovation en santé et le rôle vital qu’il peut jouer dans la reprise de notre économie. Le gouvernement fédéral doit agir de toute urgence pour reconnaître et renforcer les liens inextricables qui existent entre notre économie et le système de santé, de la recherche fondamentale à la commercialisation en passant par l’adoption et la mise à l’échelle d’initiatives d’innovation. Nous avons aujourd’hui besoin du soutien du gouvernement fédéral pour reconstruire les fondations de l’écosystème de la recherche et de l’innovation en santé au Canada.


À propos de SoinsSantéCAN
SoinsSantéCAN est le porte-parole national des organisations de soins de santé et des hôpitaux des quatre coins du Canada. Nous encourageons la découverte et l’innovation éclairées et continues, orientées vers des résultats, dans tout le continuum des soins de santé. Pour plus d’informations, visitez www.healthcarecan.ca
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Recherche Canada est une alliance nationale large qui œuvre à faire avancer la recherche en santé par le biais de la défense des intérêts axée sur la collaboration. Elle a pour mission d’améliorer la santé et la prospérité de tous les Canadiens en faisant la promotion d’un rôle de chef de file mondial pour le Canada en matière de recherche et d’innovation en santé. Pour en savoir plus, visitez le site rc-rc.ca